
A la veille de la célébration de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, instituée chaque 25 novembre, le réseau de défense des droits des femmes Wassila/Avife a marqué l’occasion en plaidant une autre manière de reconnaître le martyre que subit la femme algérienne.
En effet, le temps d’une conférence, l’Institut national de la santé publique (INSP) s’est transformé en véritable tribune pour la présidente
du réseau, Mme Mammeri Wahiba Oussedik, pour défendre la mise en place d’un module de «victimologie» dans l’enseignement supérieur.
En plus d’être la thématique de la rencontre, la victimologie sert les victimes dans la mesure où comprendre ce qu’elles ont subi peut mener à identifier les meilleures voies de les protéger. « La victimologie n’a pas son module dans l’enseignement et sa spécificité, étant la science de la victime, n’est pas bien prise en charge », a déploré Mme Oussedik. Cette spécialité pourrait grandement contribuer à une meilleure prise en charge des femmes violentées et à mieux lutter contre le fléau de violence envers la femme. « Si de grandes avancées ont été enregistrées en matière d’égalité entre l’homme et la femme, un volet consacré, notamment, par la Constitution, sur le terrain, on ne trouve pas la même connotation à cause, notamment, des comportements et des mentalités qui caractérisent la société algérienne », a-t-elle fait observer.
Soutenant qu’« il y a encore beaucoup de travail à faire pour changer les choses ». Elle a mis, à cet égard, l’accent sur le rôle de « la communication pour aller de l’avant, à travers un débat constructif des principaux acteurs concernés comme la justice, la santé, l’enseignement et la solidarité, et aussi en matière d’éducation et d’information». Justement, à propos d’éducation et d’information, Mme Oussedik laisse entendre qu’il faudrait que cet effort commence dans la cellule familiale, premier foyer des violences faites aux femmes. Elle parle des violences conjugales et intrafamiliales qui sont les plus fréquentes avec 80% environ des cas. D’ailleurs, les chiffres de la police nationale, rendus publics il y a quelques jours au cours d’une rencontre tenue pour la même circonstance, confortent les dires de Mme Oussedik. Sur les 7 061 cas répertoriés au cours de cette année, 54 % des agressions contre les femmes ont été commises au sein des foyers alors que près de 22 % l’ont été dans les rues et près de 15 % au niveau des quartiers où ces femmes résident.
En cause, le système patriarcal qui consacre la domination masculine et octroie aux hommes un droit de violence sur les femmes. Et Mme Oussedik d’insister sur le fait qu’il « est temps que la victimologie sorte de l’improvisation, de la dispersion et d’un suivi à court terme et qu’elle sorte aussi du champ exclusif de l’action humanitaire. Elle doit être institutionnalisée, enseignée, structurée, la victime, sujet de droit étant au centre d’actions pluridisciplinaires concertées».
Ce faisant, l’objectif de cette journée d’étude est de «poser les bases d’une collaboration dans la durée avec l’espoir d’apporter des réponses concrètes aux besoins multiples des femmes victimes», souligne la présidente de l’association.
source : reporters.dz
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